Pourquoi la formation est un levier essentiel contre les violences sexistes et sexuelles
Les violences sexistes et sexuelles (VSS) ne se combattent pas seulement par des textes de loi. Dans le secteur de la santé, où les rapports hiérarchiques sont très structurés et les situations de vulnérabilité nombreuses, la prévention passe par un changement de culture professionnelle. Ce changement repose en grande partie sur la formation. Mais pour qu’elle soit utile, elle doit aller au-delà de la sensibilisation générique : elle doit doter les professionnels de compétences opérationnelles, adaptées à leur rôle et à leur contexte.
En 2025, avec l’entrée en vigueur du critère 3.2-05 de la certification HAS, former l’encadrement à la prévention et à la gestion des VSS devient une obligation. Mais c’est aussi une opportunité de professionnaliser la manière dont les établissements réagissent aux violences et accompagnent les victimes. Voici cinq compétences que toute formation VSS digne de ce nom devrait transmettre.
Identifier les signaux faibles de VSS : repérer avant que la violence n’éclate
La première compétence essentielle, c’est la capacité à voir ce qui souvent passe inaperçu. Les VSS ne commencent pas toujours par des actes graves. Elles s’installent par petites touches : des remarques sexistes, des gestes ambigus, un isolement progressif, une ambiance dégradée. Apprendre à identifier ces signaux faibles permet d’agir en amont, avant que la souffrance ne s’ancre, avant que les faits ne s’aggravent.
Dans un hôpital, cela peut signifier repérer qu’une jeune interne s’efface progressivement, qu’une aide-soignante se replie, qu’un conflit s’installe entre deux professionnels sans explication claire. Une formation efficace donne des repères concrets pour interpréter ces situations comme des éventuels indicateurs de VSS.
Comprendre le cadre légal des VSS : savoir ce qui est interdit, ce qui est puni, ce qui est protégé
Agir contre les VSS suppose de connaître la loi. Le Code du travail, le Code pénal, le Code général de la fonction publique contiennent des dispositions précises sur les différents types de violences, les obligations des employeurs, les droits des salariés et des agents. Mais ces textes sont souvent méconnus, voire mal interprétés.
Une formation utile ne se contente pas de citer les lois : elle les traduit en situations concrètes. Elle permet à chacun de distinguer un agissement sexiste d’un harcèlement sexuel, une blague déplacée d’un outrage sexiste, une main courante d’une plainte pénale. Elle clarifie aussi les protections légales dont bénéficient les victimes, les témoins et les personnes qui signalent les faits.
Accueillir la parole : adopter une posture d’écoute et de non-jugement face aux violences sexistes et sexuelles
Lorsque qu’une personne ose parler d’une situation de violence, la manière dont sa parole est accueillie est déterminante. Trop souvent, des paroles maladroites, une minimisation involontaire ou un doute exprimé peuvent refermer la parole et aggraver la souffrance. À l’inverse, une posture d’écoute active, bienveillante et neutre peut ouvrir le chemin vers la reconnaissance, la protection, et la réparation.
C’est pourquoi la formation doit inclure un travail sur la posture. Comment recevoir une confidence sans paniquer, sans chercher immédiatement à enquêter ou à conseiller ? Comment respecter le rythme de la personne concernée, sans forcer une démarche qu’elle ne souhaite pas encore entamer ? Comment être un relai, sans se substituer aux dispositifs ? Ces compétences relationnelles sont au cœur de la crédibilité des politiques VSS.
Orienter efficacement : connaître les bons relais et les protocoles internes face aux VSS
Repérer, écouter, c’est bien. Mais encore faut-il savoir quoi faire ensuite. Les établissements de santé disposent souvent de protocoles de signalement, de cellules d’écoute, de référents VSS, de services de santé au travail ou de ressources humaines formées. Mais dans la pratique, ces dispositifs sont parfois mal identifiés, ou mal articulés.
Une formation opérationnelle donne à chaque professionnel les clés pour s’orienter dans ce paysage : qui alerter en cas de situation grave ? Comment rédiger un signalement ? Quelle est la chaîne de traitement d’une alerte ? Que faire si la victime refuse de parler officiellement ? Connaître les procédures, c’est gagner en efficacité et en sécurité.
Incarner une culture du respect à l’hôpital : affirmer des limites claires au quotidien
Enfin, la formation doit permettre de renforcer une cinquième compétence, souvent oubliée : l’exemplarité. La prévention ne repose pas uniquement sur les règles écrites, mais sur les comportements quotidiens. Refuser une blague sexiste en réunion, recadrer une remarque ambiguë dans un couloir, rappeler calmement les limites à un patient sans lui manquer de respect : ce sont ces petits actes qui créent une norme partagée.
Une formation efficace aide les professionnels à prendre confiance dans leur capacité d’agir. Elle ne les culpabilise pas : elle les outille. Elle leur montre que la responsabilité est collective, et que chacun, à sa place, peut contribuer à un climat sécurisant pour toutes et tous.
Apprendre à prévenir les VSS, c’est aussi apprendre à protéger
En 2025, les formations sur les violences sexistes et sexuelles ne peuvent plus se résumer à une présentation descendante. Elles doivent devenir des espaces de transformation professionnelle : lieux où l’on apprend à voir, à comprendre, à réagir et à soutenir. Des formations exigeantes, mais concrètes. Bien menées, elles permettent de désamorcer des conflits latents, de protéger des collègues, et de créer une ambiance de travail plus saine.
Chez Catalyse, nous concevons des formations VSS spécifiques pour le secteur de la santé, centrées sur les compétences que chaque professionnel peut mobiliser dans son quotidien. Parce que prévenir, ce n’est pas seulement connaître la loi : c’est savoir quoi faire, ici et maintenant, pour que la violence recule et que le respect progresse.
Formation VSS à l’hôpital – vos questions, nos réponses
Oui, pour tous les encadrants médicaux et paramédicaux dans les établissements soumis à la certification HAS. Cette obligation découle du critère 3.2-05 du référentiel de certification 2025.
Tout dépend du format retenu. Les formats les plus complets alternent présentiel et e-learning, avec des mises en situation. L’essentiel est qu’elle permette une montée en compétence observable.
À toute personne ayant une responsabilité managériale ou un rôle d’accompagnement des équipes : chefs de service, cadres de santé, responsables RH, médecins référents, etc.
Meilleure capacité de repérage, posture d’écoute professionnelle, coordination avec les dispositifs internes, sécurisation des signalements, climat d’équipe plus apaisé.
C’est le moment d’agir. L’absence de formation peut être un motif de non-conformité en certification HAS. Catalyse propose un accompagnement adapté aux contraintes des établissements de santé.
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